On a pu constater que depuis le confinement, le nombre d’utilisateurs de la plateforme de streaming Twitch avait significativement augmenté, ouvrant la voie à une audience néophyte et plus vaste.
Et avec cette arrivée massive de nouveaux utilisateurs, de nouveaux types de contenu ont également commencé à émerger, comme les « Hot Tub streams », que l’on pourrait traduire en français par « les streams de SPA ».
La tendance, bien qu’ayant commencé à réellement émerger l’année dernière, s’est vraiment affirmée en mars de cette année.
On a ainsi commencé à voir de plus en plus de live avec des streameuses en maillot de bain dans des Hot Tub, discutant avec leur tchat.
Enfin les bains à remous, c’est pour celles qui ont les moyens, la classique piscine gonflable de jardin est aussi très appréciée dans ce type de contenu.
C’est tout, une formule simple, efficace, mais qui alimente de plus en plus la controverse sur les réseaux sociaux.
Et beaucoup rejoignent l’opinion de Félix « xQc » Lengyel, streameur n°1 de Twitch.
De nombreux autres streameurs et spectateurs de la plateforme ont alors fait des affirmations similaires, montrant à quel point Twitch était dans un état désastreux selon eux.
Pour bien comprendre le contexte, il faut savoir que ce type de contenu n’est pas contraire aux règles de la plateforme.
En effet, dans les directives générales de Twitch, il est stipulé qu’il faut avoir une tenue correspondant au lieu dans lequel on stream.
Ainsi, on peut comprendre par là que si on stream dans une salle de sport, on peut être en tenue de sport, ou que si on stream à la plage ou dans une piscine gonflable, on peut être en maillot de bain.
Et cela certains l’ont très bien compris.
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Mais bien qu’il y aurait de nombreux aspects de ce phénomène que l’on pourrait critiquer, une grande partie du discours qui entoure le sujet se concentre malheureusement sur ce que les femmes devraient ou ne devraient pas être autorisées à porter en streaming.
D’autres expriment également leurs inquiétudes quant au fait que ces streams volent des spectateurs à des streameurs plus méritants.
Pour Kaitlyn « Amouranth » Siragusa, ayant participé à cette tendance et qui est l’une des streameuses les plus populaires sur Twitch, elle déclarait à Kotaku :
« Je suis sur la plateforme depuis 3 ans et demi, et j’ai fait du gaming, mais mon truc principal, c’est la danse avec hula hoop et le cosplay« , partageait Spoopy Kitt, une autre streameuse dont la popularité a considérablement augmenté grâce aux streams de SPA.
« J’ai reçu des commentaires haineux sur tout ça.
Certaines personnes trouveront n’importe quelle raison pour vous démolir.
Faites juste ce que vous faites, vous ne pouvez pas rendre tout le monde heureux. […]
Je pense que les gens aiment regarder de jolies femmes en bikini, et j’aime être dans un bain à remous et faire des mèmes, donc c’est gagnant-gagnant ».
Et en effet, les gens ont l’air d’apprécier.
Depuis la fin du mois de mars, Siragusa a gagné près de 500 000 followers.
Indiefoxx, la deuxième plus grande streameuse à diffuser ce type de contenu, en a gagné près de 300 000.
D’autres comme Spoopy Kitt n’ont pas fait des bonds aussi impressionnants, mais elles ont tout de même attiré des dizaines de milliers de nouveaux spectateurs en quelques mois.
Par conséquent Amouranth pense, contrairement à l’avis général, que si l’on se base sur les chiffres, cette tendance pourrait faire plus de bien que de mal à Twitch.
Les données indiquent que des spectateurs restent aussi pour le gaming et d’autres activités.
« Je peux jouer à des jeux ou simplement parler au tchat assise à mon bureau avec 10 000 spectateurs maintenant.
J’imagine que Twitch doit assister à un afflux massif de personnes venant de l’extérieur de la plateforme, des personnes qui deviendront probablement des spectateurs récurrents.
C’est difficile d’acheter du marketing comme ça.
La méta génère beaucoup de partage, et elle pique la curiosité des gens.
Je pense que l’argument selon lequel cela enlève des spectateurs à d’autres créateurs est faux, et que les filles qui s’adonnent au Hot Tub font un travail de pionnier pour augmenter le nombre global de spectateurs sur la plateforme? »
Et bien que certaines tentent de trouver des moyens de rendre le temps de baignade intéressant comme Siragusa qui y anime désormais des podcasts, il n’empêche que ce phénomène soulève de réelles questionnements.
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Tout d’abord, soyons clair sur une chose.
Ces femmes ont tout à fait le droit de faire ce qu’elles font, et il n’appartient à personne ici de les juger sur des critères purement subjectifs dictés par une morale qui l’est encore plus.
Certains avancent cependant que ce qui est critiquable, c’est l’espace qu’elles ont choisi pour s’adonner à cette pratique, qui ne convient pas et ce à bien des égards.
Premièrement, c’est que par principe Twitch se veut « kid-friendly », donc adapté aux enfants.
La plateforme étant alors accessible à partir de 13 ans, sa laisse beaucoup de question en suspend.
Ensuite, cela renvoie une mauvaise image des streameuses en général, qui se voient de fait associer à ce genre de contenu.
Et à cause de cela, de plus en plus de streameuses font face à des demandes ou des suggestions inappropriées.
Ces dernières reprochent donc à ces filles d’avoir standardisé cela et d’avoir attiré ces gens là sur la plateforme, personnes qui avant devaient probablement être sur d’autres plateformes prévues pour ça.
Et si on pousse le raisonnement plus loin, on pourrait alors tout à fait dire que ce type de contenu est de la concurrence déloyale envers les sites de camgirl, qui sont des sites spécialisés dans ces contenus là. |
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Le fait est que même certaines actrices de l’industrie des films pour adultes présentes sur la plateforme de streaming s’étonnent que des streameuses fassent du contenu de ce genre et se sexualise autant sur une plateforme qui n’est pas dédiée à ça à la base.
Enfin, toute cette controverse permet de mettre en lumière un problème plus systémique que conjoncturel : l’application incohérente des règles de Twitch.
On a pu constater ces derniers temps que de plus en plus de contenus sexuellement suggestifs apparaissaient sur la plateforme de streaming, et que les sanctions administrées étaient de plus en plus dérisoires.
Là où il y a encore quelques années seulement, beaucoup de streameurs se faisaient bannir pour bien moins que ça, les problèmes de transparence de Twitch apparaissent plus que jamais comme une des faiblesses majeures de la plateforme.
D’autant que ces streameuses sont partenaires Twitch, donc plébiscitées et mises en avant par la plateforme elle-même.
Mais en attendant que Twitch se manifeste sur le phénomène et prenne des mesures, certains comptent bien exploiter la brèche.